DRH en 2024 dans une collectivité, cela signifie quoi pour vous ?
Les agents sont la richesse la plus importante d’une Collectivité car c’est eux qui vont au quotidien permettre aux nombreux services publics de fonctionner et ainsi réponde aux attentes légitimes des usagers. Pour ce faire, le DRH doit réussir à mettre en place les stratégies qui attireront les bons profils et permettront de dérouler des carrières attractives et motivantes. Mais, au-delà de la gestion du recrutement, de la formation, de la rémunération, de la communication interne ou des politiques sociales, le DRH d’aujourd’hui doit savoir innover et proposer des politiques qui répondent aux nouvelles attentes des agents, notamment en matière de qualité de vie au travail. La crise sanitaire du COVID a marqué selon moi un véritable tournant en matière RH : les agents ont besoin de retrouver du sens à leurs missions, d’être mieux reconnus et aussi de bénéficier de dispositifs leur permettant de concilier leur vie professionnelle et leur vie personnelle, le télétravail est en cela un très bon exemple.
Quels vont être vos grands chantiers pour cette année ?
La DRH a connu ces deux dernières années des chantiers importants comme la mise en place du nouveau référentiel de régime indemnitaire (le régime indemnitaire tenant compte des fonctions, des sujétions, de l’expertise et de l’engagement professionnel – RIFSEEP), le passage aux 1607 heures ou encore le développement du télétravail. Cette année, la DRH poursuit la rénovation de ses outils de gestion prévisionnelle des emplois et des compétences, avec la refonte du référentiel des métiers, qui est un outil au cœur des ressources humaines puisqu’il influe sur le recrutement des agents, leur évolution de carrière et leurs mobilités. Elle travaille également sur le renforcement de l’attractivité de la Collectivité, avec une réflexion sur la création d’une marque employeur, mais aussi le développement de la formation et la prévention des inaptitudes physiques. Une attention particulière est aussi apportée à l’amélioration de la qualité de vie au travail et à la promotion de l’égalité Femme/Homme.
Quelle est, aujourd’hui, la plus grande difficulté à laquelle vous êtes confrontée ?
Il est certain que l’un de nos défis du quotidien est de courir après le temps. La DRH, comme les autres services, doit tenter de faire mieux avec moins de moyens du fait des très fortes contraintes budgétaires. Or, nous sommes dans le même temps confrontés à une exigence des agents de plus en plus forte et qui implique que la DRH s’inscrive dans une temporalité qui devient quasi de l’immédiateté. C’est donc un défi de savoir équilibrer une forte réactivité attendue des agents à un temps d’analyse nécessaire pour des situations humaines souvent de plus en plus complexes.
Un autre défi, qui a pris selon moi une dimension très importante depuis la crise du COVID, est la motivation des agents. Beaucoup sont en questionnement sur le sens de leur travail et veulent pouvoir le concilier avec leurs aspirations personnelles. Cela conduit à une vraie remise en cause de la vision RH classique, notamment du management, pour tenter de mieux comprendre les attentes des agents et d’y répondre.
Comment voyez-vous votre fonction d’ici 10 ans ?
La fonction de DRH me semble prendre une place de plus en plus stratégique, que ce soit au sein des Collectivités ou des entreprises. Nous sommes aujourd’hui déjà loin du schéma classique de la simple fonction support. Le vieil adage qui consiste à dire que « l’intendance suivra » est totalement dépassé et ne répond plus aux enjeux RH actuels. La crise sanitaire de ces dernières années nous oblige déjà à repenser nos organisations mais aussi à considérer les aspirations des agents autrement. En reprenant l’exemple du télétravail, il était quasi exceptionnel en Collectivité il y a quelques années, aujourd’hui il se développe largement et on peut imaginer que d’ici 10 ans, la dématérialisation permettra qu’il soit devenu une nouvelle norme de travail. La semaine de 4 jours devient également un enjeu d’attractivité.
Le DRH de demain sera donc le garant de la capacité de la Collectivité à s’adapter et à répondre aux attentes et aux aspirations nouvelles des agents, afin de maintenir un niveau de service public répondant aux besoins des usagers.
Nolwenn de CADENET
Directrice des relations humaines de la communauté d’agglomération de Quimper Bretagne Occidentale et de la ville de Quimper.